FRAGMENTS D’UN TERRITOIRE

Fragments d’un territoire, performance, 2020.
Project for the Artist Residency at the Galerie Paradise, Nantes (France).

The roads were being drawn as our taxis drove by. In one hour and a half divergent landscapes and mountains to the Mediterranean coast were in parade. Leaving Tangier, through the window, we contemplated the road, which would lead us to this territory. In a way, Bab Sebta is above all my first story with Randa. A first story that we have been living for several months now.
The experience of a border like Ceuta’s isn’t entirely ordinary. At its gates, barbed wires frame the sea. One has to go through several checkpoints prior to entering the Schengen territory. It is fenced in by worn architecture and special signage. The immersion in such a controlled-space, where smuggling, makes its actors a prey to an entire organized structure.
During the various locations scouting within this enclave, we collected accessories and decor elements from the site while taking into consideration the forms of handover, the gestures of individuals and authorities. Being guided by the meetings and the exchanges around this space, we sometimes even intentionally play this role, our suitcases full of goods without customs suspecting anything…
Here, the artist invests the Paradise gallery in Nantes with the intention of inviting the public to this experience around a mise-en-scène: that of Ceuta’s border. Redesigning the expectation, between tension and absurdity, of this decor through the protocol and the authorities’ attitudes. She takes over the place playing with the interior; the projection space, and the exterior; the public space.

By Lucie Maxin

(FR)
Les routes se sont dessinées au fur et à mesure des taxis, pendant une heure et demie où défilaient des paysages divergents, des montagnes à la côte méditerranéenne. Au départ de Tanger, par la fenêtre, nous contemplions l’itinéraire qui nous mènerait à ce territoire. En quelque sorte, Bab Sebta c’est avant tout ma première histoire avec Randa. Une première histoire que nous partageons maintenant depuis plusieurs mois.
L’expérience d’une frontière telle que Ceuta n’est pas tout à fait ordinaire. À ses portes, se sont des barbelés qui donnent le cadre à la mer. Il faut franchir plusieurs barrages avant d’entrer dans l’espace Shenghen, barricadé par une architecture usée, avec une signalétique particulière. L’immersion dans un espace aussi contrôlé où la contrebande agit de manière souterraine, où le corps de ses acteurs est proie à toute une structure organisée.
Lors des différents repérages au sein de cette enclave, nous collections à même le lieu les accessoires et éléments du décor, en considérant les formes de passation, la gestuelle des individus et des autorités. Étant guidées par les rencontres et les échanges autour de cet espace, nous en venions parfois même à nous prêter à ce rôle, nos valises pleines de marchandises. Sans que la douane ne se doute de rien…
L’artiste investit ici la galerie Paradise à Nantes dans l’intention de convier le spectateur à cette expérience autour d’une mise en scène, celle de la frontière de Ceuta. Reconfigurer cette attente, ce décor à travers le protocole et les attitudes des autorités, entre tension et absurdité. Elle s’empare du lieu, jouant avec l’intérieur et l’extérieur de la galerie, espace de projection, espace public.

Par Lucie Maxin